zéro heure
La poésie du jeudi 22 avril 2004
La poésie ; un état autre de la langue.
Une trace alternée de faits et de défaits,
Un orbe rauque reliant l’île à son continent,
Une offre que le bien-aimé ne peut que prendre
Entre chien et loup
A mesure que le licol se détend
Et que passée la tête le reste suit.
Il est des passages étroits où le corps d’une femme souple
Enamoure l’homme de candeur
Dans la gelée de groseilles
D’une tour distinguée entre nuées et hautes futaies.
Je m’appelle Isambart
Et ne nuis qu’aux reflets de la lune
Captés par l’étang aux gestes mineurs ;
De ceux que le vent courbe près de la berge
En une salutation à la mesure du soleil.
N’allez pas à la curée.
Remettez à demain ce que les habitudes ne font qu’étreindre à petit feu.
Remplissez les greniers de l’ombre des malles détruites
Fleurant bon le feu d’artifice des souvenirs envolés.
N’admettez que la poudre des étoiles sur le rebord de la fenêtre.
N’allez pas à la curée.
Souriez ;
Mais plus avant dans la soirée.
Souriez à la poésie crissante des papillotes que l’on dévêt.
Des vêtements que l’on froisse et éparpille dans le noir haleté.
Ne manquez pas l’ultime,
Le sacrificiel élan de la mise en fenêtre du jour qui se lève
Et marquez de rosée
Le pied nu hésitant
Pour d’air frais inhalé
Remettre à jour le goût pointu.
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Pommeloss des nuages d’il y a 10 ans et repris le 4 mai 2004
Pommeloss des nuages
Paroles d’horaires de trains conciliés
Tôle ondulée tap tap des bogies bogies
Une fumée que pousse le vent
Les peupliers immobiles aux bords des pièces d’eau
« Un bar corail est à votre disposition au milieu du train »
Une grue
le godet en l’air
Le vert sombre du début d’automne
Un lapin s’éloigne à la lisière des maïs
Les chaumes écrasés se rebellent
poils luisants
dans le même sens
Souvenir du glouton mécanique
Des chevreuils
Un corbeau d’un vol régulier passe
et signe la grande pièce de terre fraîchement retournée
Une tourterelle au dessus des tournesols calamiteux
attendant la coupe terminale
La nature tend le cou
Forte et ligneuse
Et fait le beau
sous le joug tendre de la lumière d’automne
des pins
des bouleaux
de la bruyère
Le sol est tâché de flaques d’eau
Un large chemin herbeux s’enfonce
en son tunnel de verdure
dans une forêt frêle
Le blanc des yeux
Le blanc du tronc du bouleau
Fermer les yeux
Laisser le sommeil gagner par la gorge
Bailler.
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Bain loyal
Bain loyal
Ben alors
Faut s’la mettre
Entre cornemuse et corps de muse
Si je ne m’abuse
Docteur en turpitudes
au turluru des chapeaux pointus
Masque de mise
L’eau clapissante
Se range des voitures
En l’amoureux siphon
Gruchissant d’aise
A l’appel de l’au-delà
Mets ton viatique
Et me viens
Callune aux crissetis criquets
Que le feu embrase
brousse sèche déboutonnée en ses entrailles
à l’appel tenaille
L’odeur des insectes grillés
Rend l’ardeur maladive
Au silence que le plomb ciselé
Ordonne à l’encan
manière de contourner l’obstacle
en un rien de temps
(5 11 05)
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De cette main aux doigts effilés
De cette main aux doigts effilés
Si prompte à saisir le bouton de nacre
Hors l’échancrure tissée
De cette hanche blanche
Recluse et bombée
Entre calicot et culotte
De ce regard droit
Reflet du monde pensé
Entre nuit et brouillard
J’adore
Ce port qui laisse filer
Entre nuées et marées
Les navires aux flancs perclus de rouille
Ces sourires fossiles
Aux gaines de résille aiguisés
Par les grappes coupées
Le hennir du cheval
Replie le verbe sur l’herbe désenchantée
Place au marasme
(05 11 05)
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Marraine de Toussaint
Marraine de Toussaint
Marraine de tous les saints
Des seins de ma reine
Aux chutes de reins
Ne servent à compter
Les crânes dénoyautés
Que le vent fait chuindre
Rein de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le mal qu’on m’a fait
Ni le bien
Tout ça m’est bien égal
A l’égal du dégel
Faisant éclore les bulles
Hors du baiser matutinal
Tout saint à son mot à dire
Sans maudire
Rien que le mot
Mais le bon mot
Celui qui fait le gros dos
Le mot de « mère »
Le mot « tricité »
Le mot « dû »
Le mot « duplicité »
Le mot que l’on cite
Sans triche ni remord
Lorsque convocation reçue
L’on s’enquiert du temps qu’il fait
Je hume la peau douceâtre de mon bébé
Et défais le linge qui sèche
Paraît qu’il va pleuvoir
(novembre 2005)
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